Créer un récit familial unique : Guide étape par étape
Un récit familial unique, où l’art de raconter ses souvenirs de sa famille, dans un livre mémorable, à passer entre les générations.
Nous avons tous en mémoire ces repas de famille où les membres des anciennes générations partagent leur vécu. Ces heures à les écouter, à vivre au rythme de leurs souvenirs sont parmi les plus précieuses. Durant ces instants, nous partageons leur vie passée, leurs temps forts et leurs moments doux. Puis vient la fin du repas et peu après la fin de ces souvenirs qui se perdent dans les plis d’une mémoire un peu fatiguée.
Pourtant, ces souvenirs et ces aventures sont un trésor, tant pour ceux qui les ont vécus que pour leurs poursuivants. En créant votre récit familial, vous offrez à vos enfants et les leurs, un voyage dans leur propre famille.
Afin d’entreprendre cette épopée sereinement, je vous ai préparé mon guide à destination de l’aspirant biographe. Quelques conseils qui sauront, je l’espère, vous mettre dans les meilleures conditions pour collecter les souvenirs de votre famille et en faire un livre unique.
Sommaire
Première étape du récit familial, le cadre unique
Avant de se lancer à cœur perdu dans les récits de vie de votre famille, il est une étape plus que cruciale : écrire votre livre.
Cadrer le récit familial
Je sais, voilà qui paraît idiot, mais c’est néanmoins la base de tout récit bien construit. Prenez une feuille vierge et détaillez-y le livre final tel qu’il apparaît dans votre esprit. Si vous n’en savez rien, répondez aux questions suivantes :
qui parle ? Un ou plusieurs narrateurs ?
qui va lire le livre ? Toute la famille, seulement une partie, les proches et amis ?
Comment le récit est-il organisé ? Quel est le point de vue de l’auteur ?
s’agit-il d’un récit chronologique ?
En répondant à ces questions, vous commencerez à créer la trame de votre biographie familiale. Toutes les réponses ne vous viennent pas ? C’est normal, ce travail demande un peu de temps de réflexion. Mais rassurez-vous, au bout de quelques semaines, le livre se dessinera tout seul dans vos pensées et vous pourrez amorcer le travail.
Il existe également une option qui consiste à demander leur avis aux membres de votre famille. Votre fratrie, des parents, des cousins, les solliciter pour ce travail est bénéfique. Attention cependant à ne pas vous laisser emporter par leurs suggestions, ce qui conduirait à vous perdre davantage.
Le cas du consentement
Lorsque la feuille blanche de votre trame de livre commence à se noircir de vos idées, il est temps de solliciter vos narrateurs. En effet, même dans le cadre d’une biographie familiale, vous et votre biographié êtes co-auteurs. Il est donc d’une nécessité absolue de leur demander leur accord avant d’entamer le processus. Les cas de parents récalcitrants ou de ceux qui changent d’avis tous les jours ne sont pas rares. Je vous conseille donc d’anticiper au maximum cette demande de biographie. Plus vos proches seront préparés, plus ils auront le temps de se projeter dans le travail de mémoire. Au fil des jours, ils mesureront l’utilité de ce que vous leur demandez. Ils prendront aussi conscience de la fragilité de leur mémoire et de l’importance de transmettre leurs souvenirs tant qu’il est temps.
Collecter les souvenirs et les anecdotes
Une fois que tous les protagonistes de votre histoire sont prêts et décidés à s’ouvrir à vous, le travail biographique dans ce qu’il y a de plus beau commence.
Vous entrez alors dans la phase d’entretien. Il s’agit de laisser votre narrateur remonter le fil de sa mémoire, de lui permettre de plonger dans son passé et de vous raconter tout ce qu’il y voit.
L’écoute active
Certes, la vie qui vous est racontée ne vous appartient pas. Il y a de grandes chances que vous ne connaissiez pas les noms évoqués, ni même les lieux. Qu’importe, il est crucial de vous y projeter !
Pour cette phase d’entretien, l’écoute active permet à votre narrateur de se sentir en confiance. Lui qui s’immerge dans son passé ne pas s’y noyer. Votre rôle est de le garder entre deux eaux, entre vous et ses souvenirs. Les questions, les approbations, le regard, autant de petits détails que vous devez soigner pour toujours rester en contact avec votre narrateur.
La prise de notes
Quel que soit l’âge de votre narrateur, il a vécu une vie dont vous ne connaissez que les grandes lignes. Comme l’est la vôtre pour lui, vous ignorez les dates, les noms, les adresses et peut-être même les évènements qui ont peuplé son existence. Il est tout à fait possible de retenir tous ces lieux, tous ces noms et toutes ces histoires, mais cela demanderait un travail de concentration extrême. Pour l’occasion, je vous conseille d’investir dans un carnet de notes. Écrivez-y les éléments importants, ceux qui doivent absolument figurer dans le livre. N’omettez pas les petits détails, qui rendent le récit vivant et à l’image de votre narrateur, comme des expressions, des accents, des tics… En plus du carnet, enregistrer les entretiens est aussi une piste intéressante. Voilà qui vous donne l’assurance de tout garder, au cas où votre mémoire vous ferait défaut.
J’aime à penser qu’il y a trois grands moyens de retenir les histoires de proches, par notre mémoire, par nos notes et enfin grâce à l’enregistrement audio. Une triple sauvegarde, pour un récit familial unique, complet et détaillé.
La bonne posture
Lorsque l’on collecte des souvenirs de vie, il n’est pas toujours simple de savoir où se mettre. Il n’est pas rare d’hésiter entre la posture du journaliste, qui pose un tas de questions sur les souvenirs qui peinent à affleurer à l’esprit ; et la posture du vautour, qui attend patiemment que les souvenirs reviennent pour sauter dessus. À mon sens, aucune de ces deux postures n’est la bonne. Au contraire, je vous propose de vous mettre dans la peau du copilote. Vous savez d’où vous partez, vous savez où aller, vous connaissez la route la plus courte, mais vous ne choisissez pas l’itinéraire qui sera finalement emprunté. Votre narrateur est le chauffeur de cette voiture et il est le seul à choisir le parcours. Bien entendu, votre rôle est de surveiller que vous roulez toujours dans la bonne direction, de donner quelques raccourcis, de prévenir lorsqu’il faut faire demi-tour…
Cette posture est celle qui laisse le plus de liberté au narrateur, tout en gardant un pied dans la réalité. Vous permettez l’égarement sur les petits chemins de traverse, mais gardez le cap de l’histoire !
Rédaction et corrections
Si les entretiens sont ce qu’il y a de plus beau dans la création d’un récit familial unique, la phase de rédaction est l’une des plus magiques. Il s’agit de mettre par écrit toute la matière glanée, toutes vos notes, tout ce dont vous vous souvenez et tout ce que vous avez enregistré. Enfin, pour être exact, nous ne gardons pas tout. Vous allez comprendre.
Méthode de retranscription
Avec d’un côté votre carnet de notes, de l’autre la piste audio qui défile et face à vous le clavier et la page blanche qui n’attend que le début de l’histoire, vous ne savez pas comment commencer. C’est tout à fait normal. Ici, tout le problème consiste à trouver le bon ton à employer. Hors de question de fabuler, d’inventer ou d’extrapoler. Par contre, il est pleinement admis d’enjoliver les situations, de romancer le vécu, de créer du suspens. Loin de l’écriture d’invention, le récit familial n’est pas non plus une retranscription fidèle et simple. Il s’agit de laisser le narrateur s’exprimer au travers de vos mots. Donnez à lire son caractère, sa manière de parler, ses expressions uniques, mais ne lui inventez pas une vie pour autant. Un travail d’équilibriste tout en nuances.
Organisation du récit
Combien de fois votre proche s’est-il perdu dans son récit ? Combien d’anecdotes ont commencé, mais ne se sont jamais terminées parce qu’un autre souvenir était plus important à dire à cet instant ? Toute cette matière ne peut être gâchée. C’est pourquoi, avant d’écrire, je vous conseille de relire vos notes, quitte à les remettre au propre.
Ce travail consiste à trier et à organiser tout ce que vous avez noté, afin de le ranger par catégorie. Classez vos phrases selon qu’elles appartiennent à l’enfance, à la vie de couple, au travail. Inventoriez tous vos écrits, pour que chaque élément trouve sa place, d’abord sur vos notes puis dans le livre.
Bien entendu, les catégories sont choisies selon le type de livre que vous écrivez. On privilégiera une catégorisation chronologique si le récit est chronologique, etc.
Travail de correction
Pour écrire un beau récit familial unique et personnalisé, un peu d’humilité est nécessaire. Vous en aurez besoin lors du travail de correction. En effet, à la fin de chaque entretien, une fois la phase d’écriture terminée, votre narrateur est censé relire vos écrits. Avec son œil de personnage principal, il vous préviendra de toutes les erreurs de date, de noms, de lieux… Parfois, ce ne seront que détails ; d’autres fois, vous devrez réécrire des passages entiers.
Il arrive également que la narrateur soit un auteur-né et qu’il corrige votre syntaxe et vos tournures de phrases. Gardez à l’esprit qu’en tant que co-auteurs, il convient que vous trouviez un accord.
La relecture par une tierce personne est également souhaitable. Elle est à privilégier si vous doutez de votre orthographe, ou si vous vous sentez trop impliqué-e dans le récit pour chasser les petites coquilles.
Incorporation des photos, souvenirs matériels et documents historiques
Au crépuscule du récit, au bout de plusieurs semaines ou mois de travail passionné, une partie plus ludique s’ouvre à vous. Si vous le souhaitez, votre récit familial peut devenir encore plus unique grâce à l’ajout de photos, documents, souvenirs physiques qui appartiennent à vos proches.
Fouiller les albums photos familiaux
À l’époque des pellicules que l’on faisait développer, les albums photos remplissaient les armoires de toutes les familles. Si cette tradition se perd un peu dans les générations actuelles, nos parents ont encore sous la main des dizaines de ces albums. Entre les pages jaunies par le temps, les visages figés viennent illustrer les noms entendus au fil de vos entretiens. En incorporant quelques photos à votre récit, vous permettez à vos lecteurs de ressentir cette même satisfaction.
Choisir les bonnes illustrations
Au-delà des photos, il est aussi possible d’incorporer dans le récit des extraits de correspondance, des tickets variés, des souvenirs en papier… Finalement, tout ce qui permet de mesurer le temps qui passe et l’évolution de nos habitudes à sa place dans le livre. Si votre récit fait état d’une idylle épistolaire, donner à lire quelques extraits montre la passion qui tient cette histoire d’amour. Dans un autre registre, les télégrammes ou les tickets de rationnement témoignent d’un passé qu’il ne faut pas oublier.
Lors de l’ajout d’illustrations dans le livre, il existe plusieurs méthodes. Vous pouvez choisir de tout regrouper dans un classeur au centre du livre. Alors, toutes les illustrations que vous souhaitez partager seront au même endroit, imprimées sur un papier spécial. La navigation entre le récit et le classeur est un peu moins fluide, mais les photos sont nettes. À l’inverse, il est possible de placer ces illustrations au fil du récit. Pour ne pas perdre en qualité d’impression, je vous recommande de choisir un papier spécifique pour les pages contenant des images. À vous de trouver la solution qui vous convient le mieux.
Impression et remise
Dernière droite avant la fin, dernière phase de la création de votre récit familial unique, l’impression. Maintenant que les pages sont relues et illustrées, il est préférable de faire imprimer ces souvenirs, qui seront bien plus simples à lire dans un livre que sur l’écran d’un ordinateur.
Imprimeur ou imprimante bureau ?
La question se pose entre le fait d’imprimer une à une les pages du livre, comme on le ferait de n’importe quel document, ou bien de confier son manuscrit à un imprimeur spécialisé.
Sans parler du budget alloué à l’impression, je pense qu’il est préférable de créer un « vrai » livre de son récit familial. Une couverture en dur, des pages reliées, l’odeur du papier, avoir en main le fruit de son travail est une expérience très gratifiante. Le livre relié permet de saluer toute l’étendue du travail que vous venez de réaliser. Toutes ces heures passées au service de votre famille se matérialisent dans un objet magnifique, durable et absolument personnalisé.
Une impression professionnelle, qui plus est, vous permet aussi de réaliser plusieurs tirages. Idéal, si le projet initial consiste à faire lire le récit familial à toutes les branches de votre arbre généalogique.
Cérémonie de remise du récit familial unique
Comment mieux clôturer cette belle aventure qu’en créant un évènement ? À l’occasion d’un repas de famille, d’une célébration, de Noël ou d’un anniversaire, offrez à vos narrateurs le livre de leur vie. Voyez sur leur visage passer les expressions de joie, de fierté et de bonheur lorsqu’ils auront entre leurs mains le travail abouti.
Une expérience unique qui vient mettre le point final de ce récit familial unique.
Ainsi, voilà la méthode idéale, à mon sens, pour écrire la vie de sa famille et l’offrir à ses narrateurs. Pour une histoire de vie complète, on compte en moyenne une quinzaine de séances d’une heure. Les séances sont à multiplier selon le nombre de narrateurs dont vous souhaitez écrire l’histoire. Ainsi, un récit familial complet demande plusieurs mois, de la phase de collecte des souvenirs à l’étape de la remise. Un travail de longue haleine, qui demande une concentration et une motivation sans faille. Dans cette démarche, un biographe professionnel peut vous soutenir. Selon vos besoins, il peut retranscrire les enregistrements fournis, organiser le récit, corriger tout ou partie de texte… C’est pour cette raison que je propose des prestations “à la carte”, adaptées à vos besoins, afin de vous soutenir dans l’écriture du plus merveilleux récit familial.
Elisa Louet
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